Le CNMA... une grande histoire!


Les premiers bateaux 

Il est loin le temps des « Yoles-gigues », ces grandes embarcations prévues pour deux rameurs et trois passagers sont maintenant conservées à titre de vestiges par certaines sociétés des bords de Marne, Nogent et Joinville entre autres. En 1882, elles étaient très appréciées des meldois et furent les premiers bateaux du Cercle Nautique de Meaux qui naquit voici plus de cent vingt ans. A vrai dire, à cette époque, les activités du club se limitaient à des promenades nautiques en famille, le but étant de rallier Poincy ou Germigny l’Evêque pour participer à de vastes pique-niques ou fêtes champêtres avec les amis du coin, dans les prés des bords de Marne. Et si les rameurs se livraient à une lutte amicale, c’était dans le seul but d’impressionner les belles dames en voilettes qui riaient sous leurs ombrelles.

 

Des champions 

Mais en 1901, la loi sur les associations dota le Cercle Nautique de Meaux d’un règlement, toujours en vigueur d’ailleurs, et c’est à cette époque que le CNM devint un véritable club sportif.

PROFIT et MEGRAS furent les premiers champions. L’aviron, en cette époque où les sports étaient plus rares qu’aujourd’hui, était l’un de ceux qui connaissaient le plus de succès.

Le CNM n’eut pas de mal à recruter ses premiers rameurs et, cinq ans après sa création, il cueillait ses premiers lauriers. Et pas n’importe lesquels ! En deux barré, Profit-Megras sont champions de France. Ils le restent quatre années de suite et seront, dans le même temps, deux fois seconds aux championnats d’Europe. Le club profite de cette renommée et recrute de nombreux jeunes rameurs. A la même époque un superbe quatre barré composé des frères Botton, de Tauzin et Laurin devient lui aussi champion de France et enlève les Régates Internationales du Lac de Côme en Italie. Les commerçants du quartier du Marché de Meaux décident alors de lancer une souscription pour aider ce club en plein essor et achètent le « huit » qui avait servi au match Paris-Francfort en 1908. Jusqu’à la guerre, sous la houlette du Dr Nourry qui préside aux destinés du club, les victoires s’accumulent, grâce aux Jules Leprevier, Dufrêne, Stock, Lapoix et Cheval qui sont venus rejoindre les champions cités plus haut.

La guerre, bien entendu, va stopper les activités du CNM qui redémarre en 1920, toujours présidé par le Dr Nourry, assisté de Jules Leprevier. Affilié à la Fédération Brie-Champagne, Lorraine, Alsace, le CNM va accumuler les succès entre 1923 et 1930. En deux barré, Dugué-Thibault sont champions de leur groupe, après des courses disputées à Trilport, et gagnent peu après les Internationales de Paris et de Bruxelles. La victoire sourit aussi au quatre barré composé des frères Hélinger, de Bernier et Bonnet, ainsi qu’au « huit », où alternent Desjardins, Hocquart, Marcel Leprevier, Levrat, Rodolphe Souris, Pierre Rousseaux, Vance, Gibert, Prevost, Ladame, etc.

 

Des présidents sportifs

Les présidents se succèdent... les champions aussi. En 1930, M. Profit devient président du CNM, assisté de M. Georget, vice-président, Rodolphe Souris, secrétaire et Roger Cottin, trésorier. Leurs efforts incessants vont, après bien des démarches, permettre la construction d’un nouveau garage, construit sur la plage de Meaux, avec vestiaires, douches, salle de culture physique animée par M. Georges Crépin, et plusieurs dépendances. En 1932, le CNM abandonne donc le garage trop vétuste de la rue Madame Dassy, et traverse la Marne vers ses nouveaux locaux. Sur le plan sportif, toujours le même succès. En quatre barré, Potoski, Adot, Max Olieu, Cointe et le barreur Marceau Delizy terminent seconds aux Internationaux d’Ostende, tandis que Marcel Hébert se qualifie pour les championnats de France de skiff. En huit (malgré la vétusté du bateau, toujours le même depuis 1908), de même qu’en quatre barré, Michot, Hébert, Dufrêne, Godchaux, Henri Lichtenhahn, Raymond Malifot, Bourdont et leurs équipiers collectionnent les victoires en championnats ou ailleurs. Entre 1936 et 1939, c’est l’éclosion des jeunes Cherreau, Casset, Clerc et Toussaint en quatre, de Robert Godchaux et Poupard en deux barré, et de Hiernard, Fauvet, Dieu, Amelot, Malifot et les frères Lichtenhahn en huit. C’est à cette époque que M. René Casset remplace M. Profit à la présidence et assure les déplacements des rameurs et de leur matériel. Un sérieux progrès.

 

Des régates sur la Marne 

En juillet 1939, le CNM organise de grandes régates sur la Marne auxquelles participent 300 rameurs. Sur les 16 épreuves au programme, le CNM en dispute huit, participe aux huit finales et en remporte deux. Mais les vedettes du jour sont les redoutables rameurs de Lagny qui gagnent onze épreuves, dont le deux sans barreur avec Gaultier et Roux qui seront champions de France la semaine suivante à Gérardmer. La fête que préside le député de Meaux, M. Francois de Tessan, se termine par un grand bal populaire sous la halle.

 

 

La guerre 

Mais quelques semaines plus tard, le CNM est plongé, comme le monde entier, dans la tourmente. Pourtant, une poignée de jeunes va tenir courageusement la barre du CNM pendant cette période difficile et va s’efforcer au moins de préserver le matériel. Ils y parviendront en grande partie mais ne pourront éviter la destruction par les Allemands et pour des raisons militaires de quelques embarcations non démontables et donc très difficiles à cacher. Ils s’appelaient entre autres : David, Bernier, Amelot, Pierre Demay, Messager, Clerc, Roger Jacquard, Mélizet

 

Aviron et rugby 

1945 : La guerre est finie. C’est le grand retour et les retrouvailles de tous les membres du club qui reprennent aussitôt l’entraînement. Le CNM est toujours présidé par M. Casset, avec M. Adot au secrétariat et le solide Roger Cottin aux finances. Dès septembre, avec neuf équipiers anciens rugbymen à l’époque, on faisait du rugby l’hiver et de l’aviron l’été. Les dirigeants du CNM redonnent vie à la section de rugby de Meaux et lui permettent de récupérer le stade de la route de Trilport, attribué au football par les Allemands qui ignoraient totalement le rugby.

 

Un entraîneur national

Les victoires reviennent. Puis, en 1946, grâce à l’appui du conseil municipal présidé par M. Paul Barennes, le CNM touche, au titre des dommages de guerre, un superbe « huit » et un « quatre ». C’est à la même époque qu’arriva à Meaux M. Garnier, entraineur national d’aviron. Une aubaine pour le club local. Du coup, les victoires revinrent et allongèrent un palmarès déjà riche. L’équipage David-Bernier, barré par Spiller, s’impose aux Régates Internationales de Paris et de Lyon. Puis c’est la grande équipe de « huit » qui s’impose à Compiègne, Soissons, Courbevoie et termine deuxième de la Traversée de Paris. Dans cet atmosphère de succès et stimulés par la création de la plage, des jeunes viennent enrichir l’effectif du club et lui donner un nouvel essor. C’est ainsi que Duroisin et Louvet, en deux barré, s’imposent durant plusieurs années et sont champions de France deux ans de suite à Saint-Jean-de-Luz, en 1953 et 1954. Dans le même temps, Duroisin est sélectionné dans le « huit » de France qui, aux championnats d’Europe à Amsterdam, termine à une pointe des Soviétiques en demi finale. C’est à cette époque que Marcel Leprevier prend la présidence du Club Nautique qui va connaître d’autres succès. Dans les années 1960-1970, le quatre barré composé de Clavel, Dubors, Posset et Roux, avec Pney à la barre, enlève l’éliminatoire des jeunes de la région parisienne et termine second de la finale nationale à Roanne, derrière Evian, mais devant Marseille, Aix-les-Bains, Lyon et Libourne. De leur côté, Leclerc, Vacher, Dardart, Dardoize, Grelle raflent des victoires, tandis qu’un « quatre » du lycée Moissan parvient en finale A.S.S.U. à Angers.

 

Une baisse d’effectifs

Mais les goûts des jeunes (et des moins jeunes) évoluent. Les premiers se détournent de l’aviron pour pratiquer de sports plus populaires (ou moins durs), attirés par les gymnases qui se construisent un peu partout. Les adultes eux, sont accaparés par la voiture, la télévision, et participent beaucoup moins à la vie associative. Le Club Nautique connaît donc, à partir de 1970, un manque d’effectif, tant en encadrement qu’en pratiquants.

Pourtant, une poignée de « mordus » tient le club à bout de bras. Ils s’appellent Christian Leclerc, qui cumule les fonctions de président et d’entraîneur, M. Boyard, trésorier, et Mlle Francine Lichtenhahn, secrétaire, sans oublier Marceau Delizy, le barreur d’avant-guerre qui nous a permis de retracer cette histoire du CNM.

 

La croissance

Quelques jeunes rameurs ajoutent de nombreux succès au palmarès. En 1978, Julien-Planquet sont champions de Paris en double-scull. En 1981, aux championnats de Seine-et-Marne, le CNM aligne huit équipages et obtient le titre du skiff junior avec Olivier Grison et la seconde place en skiff cadet. Avec lui, Alain Leclerc et  Eric David collectionnent les places d’honneur aux championnats de Paris ou aux championnats de France. II est encourageant de voir que des jeunes viennent assurer la relève du doyen des clubs meldois. Après une période difficile, c’est peut-être l’espoir pour les années qui viennent, de nouveaux titres de champions de France pour des bateaux meldois. En somme, le CNM est un centenaire en pleine croissance.

 

Un sauveur

Pillé, incendié, le club avait bel et bien failli se saborder. La patience du président d’alors, Christian Delahaut avait connu ses limites. En ces instants de doute, Jacques Duroisin se porta volontaire pour sauver ce qui pouvait encore l’être. L’incendie criminel du 21 juillet 1996 avait laissé des traces sans pour autant décourager la centaine de licenciés. Malgré le préjudice énorme (22 bateaux détruits) chacun avec ses moyens entreprit alors l’opération sauvetage. Avec en figure de proue un Jacques Duroisin dont il faudra se souvenir qu’il fut l’homme de la relance. Jacques Duroisin, figure légendaire du sport meldois, l’un des tout premiers à atteindre le niveau international, une première licence signée en 1946 alors qu’il est cadet 2ème année, puis les heures glorieuses de 1953 et 1954. Deux titres de champion de France en deux barré associé à Louvet avec Kiki Vallet comme barreur. Sélectionné pour les championnats d’Europe d’Amsterdam dans le huit de l’équipe de France, Jacques Duroisin employé à l’Union Commerciale va devoir faire un choix. Et à cette époque, il est vite fait. Le sport (surtout nautique) ne nourrit pas son homme... Fin de la haute compétition mais présence toujours active jusqu’en 1971 sous la présidence de Marcel Leprevier. Un long break pour raisons professionnelles va éloigner Jacques Duroisin de notre bonne ville. De retour en 1992 il « replonge » aussitôt dans ce qui fut son grand amour de jeunesse. « Je me suis immédiatement rendu compte combien Christian Delahaut avait eu du mérite de tenir le club dans ces moments difficiles. Quand il a passé la main il a bien fallu se « jeter à l’eau ». Avec l’appui de la municipalité : « Sans celle-ci on ne peut exister, nous avons entrepris de relancer le club ». Atlanta redonna un salutaire coup de fouet à ce sport superbe et exigeant. Aujourd’hui c’est le mondial d’Aiguebelette et son or à la pelle tricolore qui projette l’aviron sur le devant de la scène. Le cercle nautique compte 142 licenciés et les demandes continuent d’affluer. « Cela me fait énormément plaisir après le drame qui avait secoué tout le monde. II y a eu chez nous une prise de conscience collective de tous nos jeunes. Ceux-là ont vécu des entraînements à la dure sur le port autonome dans un local sans chauffage sans sanitaires. Moi même je n’y croyais pas du tout je me disais que la majorité allait céder au découragement.  C’est cet état d’esprit remarquable qui m a touché et encouragé à poursuivre l’œuvre entreprise. »

 

Des locaux neufs

Le bâtiment, grâce au remarquable travail des services techniques, est superbe, fonctionnel et sécurisant. Pour la première fois dans l’histoire du club, le président y possède un bureau, endroit où le responsable compétition, Alexis Giry nous dresse un  état des lieux  technique. Le club possède 52 embarcations dont 12 bateaux neufs. Y compris ce fameux huit (valeur 120 000 F) offert par la ville. Meaux, cette année, a participé à dix régates nationales et internationales. Lionel Piroche (meilleur senior de l’année) et Laureen Estevenin (junior) font partie de l’équipe de France. Cette dernière avec le quatre barré cadet (Duval, Marini, Lejour, Maillard barreur Fabien) a obtenu une médaille d’argent aux championnats de France. Aux côtés du président Jacques Duroisin et Alexis Giry vice-président, ils oeuvrent avec enthousiasme et compétence

Marc Dubois responsable loisir, Martine Bocquet, Evelyne Lespade au secrétariat, Nathalie Gaillardon comme trésorière. Sur le plan sportif les objectifs sont précis : recruter un maximum de minimes/cadets, amener plus de rameurs en équipe de France, avoir plus de résultats aux championnats de France. Le huit composé de Sébastien, Lionel Piroche, Estevenin, Giry, Duffet, Bocquet, Lespade, Goillardon et barré par Fabien devrait d’ailleurs apporté de belles satisfactions aux dirigeants.

Le samedi 6 Septembre 1997, en inaugurant le bâtiment, le maire de Meaux Jean-François Copé ne manqua pas de souligner combien il était heureux de se retrouver au milieu de plusieurs générations de rameurs, preuve qu’au CNM on forme une belle et saine famille. En effet nous avons revu avec plaisir les grands anciens comme Henri Lichtenhahn, Ch. Leclerc, J.C. Adot, Letriché, Boyard, Deliry, Ledoux, et Mme Santus. Après les allocutions du président, de Thierry Maudet, directeur départemental Jeunesse et Sports qui, tout comme Guy Drut, apporta un coup de pouce précieux à la municipalité dans le financement des travaux, chacun put évoquer, avec force détails, les souvenirs (glorieux) du passé tout en levant le verre de l’amitié à la réussite d’un Cercle Nautique éternel.